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Parler du Yin/Yang, c'est décrire les couleurs de l'ombre. Sa danse
spiralée ne passe pas par les mots, elle est plus subtile. Comme tout
ce qui nous vient de Chine, le Yin/Yang ne se prouve pas, il s'éprouve.
Seul le corps peut se mettre à son écoute, vibrer à son unisson. La
simple pratique du "mouvement à deux" en apprend beaucoup plus sur le
Yin/Yang que tous les discours. Ce mouvement se nomme en chinois Dui
Shou , ce qui veut signifie littéralement "couplage (par les)
mains". Un nom qui s'explique par le contact, caractéristique de ce
mouvement, mais qui parle aussi d'une autre mise en relation, plus
subtile, plus personnelle : celle de chaque partenaire avec le rythme profond du Yin/Yang.
Dui
Shou
Ce rythme, pour l'esprit chinois, se confond avec le rythme même de la Vie. Or la vie, en Chine comme ailleurs, ne s'explique pas ; le corps la ressent, pas l'esprit. Sur cette évidence, les Sages de l'Antiquité chinoise ont relié le corps et l'esprit dans une relation énergétique. Un des résultats de ce point de vue est cet art physique que vous pratiquez, que vous étudiez, que vous enseignez : le Tai Ji Quan (Tai Chi Chuan). Pour le profane, cela ressemble à une gymnastique lente, mais vous savez mieux que moi que ça n'a rien à voir avec une gymnastique. Ce n'est pas de muscles qu'il s'agit. À la source du Tai Ji Quan, il n'y a pas tellement le corps, mais plutôt la vie. Le corps ne sera que le violon sur lequel chacun jouera, à sa façon, sa partition dans la grande mélodie de la vie qui anime toutes choses "sous-le-Ciel". Du corps humain lui-même, de cet instrument subtil, les Chinois ont une perception complètement différente de la nôtre. Comparée aux autres grandes civilisations du globe, la civilisation chinoise est une de celle qui s'est le plus préoccupée du corps humain. Pourtant, il conviendrait mieux de parler de son fonctionnement plutôt que du corps humain à proprement parler. En effet, ils ne le voient pas comme un ensemble de chairs, mais comme un réseau de flux. Tout se passe comme si il n'y avait pas en Chine d'image du corps. De fait, ils en ont carrément négligé la représentation dans leur art. La culture chinoise, qui a créé une médecine étonnante, toute faite d'énergie et de massages, d'aiguilles et de plantes, ne s'est jamais préoccupée d'anatomie.
En Chine,
le corps de chair ne sera ni encensé, ni rejeté ; il sera vécu comme
une incarnation éphémère de souffles Yin/Yang. En conséquence, ce n'est
pas l'image du corps, sa représentation qui les intéressera, mais celle
de l'énergie qui y circule, cette énergie qui est commune à toutes les
choses vivantes et qui donc relie l'être humain à chacune d'entre
elles. Cette idée ouvre une toute autre perspective sur l'art chinois.
Les peintures de paysages, par exemple, semblent représenter des
montagnes perdues dans les nuages et d'où s'écoulent des cascades et
des fleuves. Mais à les regarder plus longtemps, on s'aperçoit que
l'artiste n'a pas du tout cherché à représenter un paysage réel, la
forme de telle montagne, la courbe de tel fleuve. C'est l'énergie de la
montagne, l'énergie de l'eau qu'il veut nous évoquer. La peinture de
paysage ne cherche pas à décrire un paysage naturel, mais l'énergie qui
le traverse. Son but n'est pas naturaliste, mais moral, elle cherche à
nous apprendre à percevoir et à développer en nous la fermeté de la
montagne et la souplesse de l'eau.
Mais comment
définir cette énergie qui continuellement flue et reflue à l'intérieur
des êtres ? Les Chinois parlent de Qi. C'est un mot qu'on peut
traduire par "souffle", bien qu'en fait, il ne veuille pas dire
grand-chose de précis. C'est justement ce qui le rend très utile, parce
que son flou permet de parler avec efficacité de quelque chose qui, une
fois encore, ne peut que s'éprouver, pas se dire. Le Qi, c'est ce qui
passe entre Yin/Yang. On ne peut le décrire avec précision, mais ça
n'empêche pas de travailler dessus, C'est le matériau de base du Tai Ji
Quan (Tai Chi Chuan) et du Qi Gong , cet autre art chinois du corps.
Voila sans doute la raison pour laquelle dans le nom chinois de ces
deux disciplines, il n'y a aucune référence au corps lui-même.
Yin et Yang, comme Qi, sont des mots très flous. Leur sens particulier est relativement imprécis, disons simplement qu'à l'origine, ils signifiaient : adret & ubac, le versant d'une montagne exposé au Sud et celui exposé au Nord. Mais cette imprécision ne porte pas à conséquence car on ne peut guère parler de Yin ou de Yang de manière isolée. Ils n'ont de sens qu'en tant que duo d'opposés complémentaires. C'est leur couplage qui en fait les emblèmes du changement, de la mutation. Pareille complémentarité à deux est exprimée en chinois par un idéogramme : le caractère Dui, celui qui est employé dans l'expression Dui Shou. Imaginerait-on pratiquer le Dui Shou sans partenaire ? Sans la présence d'un complice accompagnant la poussée que j'accomplis, et accomplissant la poussée que j'accompagne, comment éprouver dans mon corps l'importance, la nécessité et la difficulté de ces moments où la poussée de l'autre parvenue à sa culmination extrême, se transforme, sans violence et sans ambiguïté, en son contraire, pour devenir alors réceptacle de cette poussée née de ce retournement même ? Si le Tai Ji Quan nous apprend à être dans le mouvement, le Dui Shou nous fait vivre la mutation dans notre chair.
La
mutation, le changement, c'est ce que nous avons le plus de mal à
réaliser en Occident. Parce que toute notre manière de penser est basée
sur l'idée qu'au-delà du monde sensible de tous les jours, il existe un
fondement immuable, absolu et éternel..
On entend trop souvent pour ces termes
l'équivalence Yin = féminin ; Yang = masculin ! Il est difficile
d'imaginer plus désastreuse simplification. En donnant à ces attributs
du changement les noms des catégories les plus stables qui soient - car
à de rares exceptions près, femme on naît, femme on meurt ; homme on
naît, homme on meurt - on passe toute l'originalité de la pensée
chinoise à l'eau de Javel : tout est blanchi, il ne reste plus rien de
jaune. On peut alors tout à loisir blablater sur le Yin/Yang sans avoir
à faire le moindre effort pour chercher à comprendre ce que ces mots
expriment de radicalement différent par rapport à notre manière
habituelle de penser.
Ce que le Yin/Yang indique, ce que le Tai Ji Tu [le nom d'un dessin, un diagramme fort connu le dessin (tu) du Tai Ji, en Occident, on entend souvent cette figure nommée "le dessin du Tao"] représente, ce que le Tai Ji Quan incarne, c'est une idée à la fois simple et complexe: toute chose parvenue à son extrême, mute, et se transforme en son contraire. L'expression Tai Ji prend tout son sens, elle symbolise le retournement de toutes choses. Il faut donc traduire Tai Ji Tu, comme "Diagramme du Grand Retournement". N'est-ce pas d'ailleurs exactement ce que suggère la danse immobile des deux "gouttes" l'une noire (Yin) et l'autre blanche (Yang) de cette épure ?
Comment imaginer l'expliquer avec les mots féminin et masculin. Pourtant, cette évidence du Yin/Yang, nous la vivons tous les jours. C'est ce qu'on pourrait appeler la théorie de la crème au chocolat. Vous connaissez bien la crème au chocolat : la première bouchée, c'est délicieux, la deuxième bouchée, c'est excellent, la troisième, c'est très bon, la quatrième c'est bon, la cinquième, ça va encore, et la sixième ... Ce n'est pas la crème au chocolat qui a changé, ni notre goût pour la crème au chocolat, c'est simplement la tendance. Le simple fait de déguster ce merveilleux dessert, poussé à son extrême l'a transformé en son contraire, le plaisir est devenu écœurement. Cette loi immuable du changement, est aussi surprenante pour les Chinois que pour nous. Mais eux, se sont donné depuis fort longtemps les moyens de la comprendre et s'y conformer.
Art de combat, le Tai Ji Quan l'était certainement à l'origine, mais son aspect de lutte n'apparaît plus, c'est d'un combat avec soi-même qu'il s'agit. Pratiquer le Tai Ji Quan, c'est fondamentalement faire allégeance à la vie qui nous possède et nous relie au mouvement cosmique.
Le Milieu
Juste, voila ce qu'apprend le Yin/Yang : se tenir droit, même face à un
raz-de-marée, la recherche d'unaccord juste entre une
attitude et un moment, une attitude faite
d'une balance harmonieuse et efficace entre toutes les composantes de
ce moment, quelles qu'elles soient, comme nous gardons notre corps
toujours équilibré, même dans les mouvements où l'élongation est
extrême.
Le Yin/Yang, le Tai Ji Quan, chacun à sa façon nous enseigne la même chose. La vie n'est que marées d'énergie et les vagues du Qi roulent et déferlent continuellement en nous, comme en toute chose sur terre. Si seulement nous savons trouver à chaque instant notre Milieu Juste à l'intérieur de ce mouvement, alors nous pouvons décupler notre puissance d'action en magnifiant notre dignité d'être humain.
Yin Yang le milieu juste
Cyrille JAVARY
Dui Shou
Parler du Yin/Yang, c'est décrire les couleurs de l'ombre. Sa danse
spiralée ne passe pas par les mots, elle est plus subtile. Comme tout
ce qui nous vient de Chine, le Yin/Yang ne se prouve pas, il s'éprouve.
Seul le corps peut se mettre à son écoute, vibrer à son unisson. La
simple pratique du "mouvement à deux" en apprend beaucoup plus sur le
Yin/Yang que tous les discours. Ce mouvement se nomme en chinois Dui
Shou , ce qui veut signifie littéralement "couplage (par les)
mains". Un nom qui s'explique par le contact, caractéristique de ce
mouvement, mais qui parle aussi d'une autre mise en relation, plus
subtile, plus personnelle : celle de chaque partenaire avec le rythme
profond du Yin/Yang.
Ce rythme, pour l'esprit
chinois, se confond avec le rythme même de la Vie. Or la vie, en Chine
comme ailleurs, ne s'explique pas ; le corps la ressent, pas l'esprit.
Sur cette évidence, les Sages de l'Antiquité chinoise ont relié le
corps et l'esprit dans une relation énergétique. Un des résultats de ce
point de vue est cet art physique que vous pratiquez, que vous étudiez,
que vous enseignez : le Tai Ji Quan (Tai Chi Chuan). Pour le profane,
cela ressemble à une gymnastique lente, mais vous savez mieux que moi
que ça n'a rien à voir avec une gymnastique. Ce n'est pas de muscles
qu'il s'agit. À la source du Tai Ji Quan, il n'y a pas tellement le
corps, mais plutôt la vie. Le corps ne sera que le violon sur lequel
chacun jouera, à sa façon, sa partition dans la grande mélodie de la
vie qui anime toutes choses "sous-le-Ciel". Du corps humain lui-même,
de cet instrument subtil, les Chinois ont une perception complètement
différente de la nôtre. Comparée aux autres grandes civilisations du
globe, la civilisation chinoise est une de celle qui s'est le plus
préoccupée du corps humain. Pourtant, il conviendrait mieux de parler
de son fonctionnement plutôt que du corps humain à proprement parler.
En effet, ils ne le voient pas comme un ensemble de chairs, mais comme
un réseau de flux. Tout se passe comme si il n'y avait pas en Chine
d'image du corps. De fait, ils en ont carrément négligé la
représentation dans leur art. La culture chinoise, qui a créé une
médecine étonnante, toute faite d'énergie et de massages, d'aiguilles
et de plantes, ne s'est jamais préoccupée d'anatomie.
En Chine,
le corps de chair ne sera ni encensé, ni rejeté ; il sera vécu comme
une incarnation éphémère de souffles Yin/Yang. En conséquence, ce n'est
pas l'image du corps, sa représentation qui les intéressera, mais celle
de l'énergie qui y circule, cette énergie qui est commune à toutes les
choses vivantes et qui donc relie l'être humain à chacune d'entre
elles. Cette idée ouvre une toute autre perspective sur l'art chinois.
Les peintures de paysages, par exemple, semblent représenter des
montagnes perdues dans les nuages et d'où s'écoulent des cascades et
des fleuves. Mais à les regarder plus longtemps, on s'aperçoit que
l'artiste n'a pas du tout cherché à représenter un paysage réel, la
forme de telle montagne, la courbe de tel fleuve. C'est l'énergie de la
montagne, l'énergie de l'eau qu'il veut nous évoquer. La peinture de
paysage ne cherche pas à décrire un paysage naturel, mais l'énergie qui
le traverse. Son but n'est pas naturaliste, mais moral, elle cherche à
nous apprendre à percevoir et à développer en nous la fermeté de la
montagne et la souplesse de l'eau.
Mais comment
définir cette énergie qui continuellement flue et reflue à l'intérieur
des êtres ? Les Chinois parlent de Qi. C'est un mot qu'on peut
traduire par "souffle", bien qu'en fait, il ne veuille pas dire
grand-chose de précis. C'est justement ce qui le rend très utile, parce
que son flou permet de parler avec efficacité de quelque chose qui, une
fois encore, ne peut que s'éprouver, pas se dire. Le Qi, c'est ce qui
passe entre Yin/Yang. On ne peut le décrire avec précision, mais ça
n'empêche pas de travailler dessus, C'est le matériau de base du Tai Ji
Quan (Tai Chi Chuan) et du Qi Gong , cet autre art chinois du corps.
Voila sans doute la raison pour laquelle dans le nom chinois de ces
deux disciplines, il n'y a aucune référence au corps lui-même.
Yin
et Yang, comme Qi, sont des mots très flous. Leur sens particulier est
relativement imprécis, disons simplement qu'à l'origine, ils
signifiaient : adret & ubac, le versant d'une montagne exposé au
Sud et celui exposé au Nord. Mais cette imprécision ne porte pas à
conséquence car on ne peut guère parler de Yin ou de Yang de manière
isolée. Ils n'ont de sens qu'en tant que duo d'opposés complémentaires.
C'est leur couplage qui en fait les emblèmes du changement, de la
mutation. Pareille complémentarité à deux est exprimée en chinois par
un idéogramme : le caractère Dui, celui qui est employé dans
l'expression Dui Shou. Imaginerait-on pratiquer le Dui Shou sans
partenaire ? Sans la présence d'un complice accompagnant la poussée que
j'accomplis, et accomplissant la poussée que j'accompagne, comment
éprouver dans mon corps l'importance, la nécessité et la difficulté de
ces moments où la poussée de l'autre parvenue à sa culmination extrême,
se transforme, sans violence et sans ambiguïté, en son contraire, pour
devenir alors réceptacle de cette poussée née de ce retournement même ?
Si le Tai Ji Quan nous apprend à être dans le mouvement, le Dui Shou
nous fait vivre la mutation dans notre chair.
La
mutation, le changement, c'est ce que nous avons le plus de mal à
réaliser en Occident. Parce que toute notre manière de penser est basée
sur l'idée qu'au-delà du monde sensible de tous les jours, il existe un
fondement immuable, absolu et éternel..
On entend trop souvent pour ces termes
l'équivalence Yin = féminin ; Yang = masculin ! Il est difficile
d'imaginer plus désastreuse simplification. En donnant à ces attributs
du changement les noms des catégories les plus stables qui soient - car
à de rares exceptions près, femme on naît, femme on meurt ; homme on
naît, homme on meurt - on passe toute l'originalité de la pensée
chinoise à l'eau de Javel : tout est blanchi, il ne reste plus rien de
jaune. On peut alors tout à loisir blablater sur le Yin/Yang sans avoir
à faire le moindre effort pour chercher à comprendre ce que ces mots
expriment de radicalement différent par rapport à notre manière
habituelle de penser.
Ce que le Yin/Yang indique, ce que le Tai Ji Tu (le nom d'un dessin, un diagramme fort connu le dessin (tu) du Tai Ji, en Occident, on entend souvent cette figure nommée "le dessin du Tao") représente, ce que le Tai Ji Quan incarne, c'est une idée à la fois simple et complexe : toute chose parvenue à son extrême, mute, et se transforme en son contraire. L'expression Tai Ji prend tout son sens, elle symbolise le retournement de toutes choses. Il faut donc traduire Tai Ji Tu, comme "Diagramme du Grand Retournement". N'est-ce pas d'ailleurs exactement ce que suggère la danse immobile des deux "gouttes" l'une noire (Yin) et l'autre blanche (Yang) de cette épure ?
Comment imaginer l'expliquer avec les mots féminin et masculin. Pourtant, cette évidence du Yin/Yang, nous la vivons tous les jours. C'est ce qu'on pourrait appeler la théorie de la crème au chocolat. Vous connaissez bien la crème au chocolat : la première bouchée, c'est délicieux, la deuxième bouchée, c'est excellent, la troisième, c'est très bon, la quatrième c'est bon, la cinquième, ça va encore, et la sixième ... Ce n'est pas la crème au chocolat qui a changé, ni notre goût pour la crème au chocolat, c'est simplement la tendance. Le simple fait de déguster ce merveilleux dessert, poussé à son extrême l'a transformé en son contraire, le plaisir est devenu écoeurement. Cette loi immuable du changement, est aussi surprenante pour les Chinois que pour nous. Mais eux, se sont donné depuis fort longtemps les moyens de la comprendre et s'y conformer.
L'attitude juste d'un confucéen est réfléchie et mesurée et sait être folle quand la situation l'exige. Bien qu'elle se traduise souvent par une attitude de modération, il s'agit toujours d'une attitude de totale implication. Des confucéens, c'est-à-dire des êtres libres, qui se sont formés eux-mêmes par l'étude des paroles du maître et des textes qu'il recommandait comme le Yi Jing, il en a toujours existé en Chine, et il en existe encore.
Ce
livre est sans doute un des livres parmi les plus étranges jamais rêvés
par une civilisation . C'est en effet un livre qui ne se lit pas, et
cela pour deux raisons. D'abord parce que l'essentiel du Yi Jing n'est
pas un texte, mais un ensemble de figures linéaires formées d'un
empilement de 6 traits pleins ou brisés. Ensuite parce que, comme le
Tai Ji Quan, on n'y pénètre vraiment que par la pratique. Et cette
pratique remonte aux plus anciens moments de l'histoire de la Chine,
aux tout débuts de son histoire, à l'Age du Bronze, il y a environ
trente-cinq siècles. Depuis lors, le Yi Jing a été tenu en si haute
estime que, par exemple, à l'époque impériale, sa connaissance était
exigée de tout candidat aux examens officiels pour devenir mandarin.
Confucius lui-même, le plus respecté de tous les Chinois avait dit-on
usé trois rouleaux du Yi Jing à force de l'étudier. Et il disait encore
que si le Ciel lui permettait de vivre encore quelques dizaines
d'années supplémentaires, il les passerait à étudier encore plus
profondément le Yi Jing, et qu'alors, peut-être, il ne commettrait plus
d'erreurs. Mais ce qu'il y a de plus intéressant pour nous dans ce
livre, ce n'est pas tant qu'il soit un des monuments les plus
impérissables de la civilisation chinoise, c'est qu'au niveau de la vie
quotidienne, il nous apporte, à nous qui ne sommes pas chinois, le même
genre de réponse que celle que le Tai Ji Quan nous apporte au niveau de l'instant :
l'attitude juste à un moment donné, un accord juste entre une
attitude et un moment, au sens ou les musiciens entendent le terme
d'accord juste. Il s'agit d'une résonance profonde, même si la note est
stridente ou suraiguë. . Cette attitude, elle est faite
d'une balance harmonieuse et efficace entre toutes les composantes de
ce moment, quelles qu'elles soient, comme nous gardons notre corps
toujours équilibré, même dans les mouvements où l'élongation est
extrême.
Art de combat, le Tai Ji Quan l'était certainement à l'origine, mais
son aspect de lutte n'apparaît plus, c'est d'un combat avec soi-même
qu'il s'agit. Pratiquer le Tai Ji Quan, c'est fondamentalement faire
allégeance à la vie qui nous possède et nous relie au mouvement
cosmique.
Le Milieu
Juste, voila ce qu'apprend le Yin/Yang : se tenir droit, même face à un
raz-de-marée.
Le Yin/Yang, le Yi Jing, le Tai Ji Quan, chacun à sa façon nous enseigne la même chose. La vie n'est que marées d'énergie et les vagues du Qi roulent et déferlent continuellement en nous, comme en toute chose sur terre. Si seulement nous savons trouver à chaque instant notre Milieu Juste à l'intérieur de ce mouvement, alors nous pouvons décupler notre puissance d'action en magnifiant notre dignité d'être humain.
Yin Yang le milieu juste
Cyrille JAVARY
A celui qui me demanderait ce qu'est le "qi" (ou encore "chi") terme exprimant ce que peut être l'énergie dans la culture chinoise je dirais cela:...
une force puissante et "invisible"
" Le" taiji" [ que l'on pourrait résumer comme étant harmonie et équilibre des forces] existe
aussi en dehors de ce que l'œil humain est capable de voir et de
comprendre. Le taiji représente les changements et le développement des
phénomènes naturels, de la pousse des plantes à la rotation terrestre
et des mouvements des galaxies.
Ces mutations ne sont pas
immédiatement perceptibles par l'homme, c'est pourquoi on ne considère
pas le taiji uniquement comme mouvement mais également immobilité dans
le mouvement. Et c'est à partir de cette notion imperceptible par
l'esprit puisque inexistante, "vide"', qu'il faut appréhender la
constance des mutations cycliques du cosmos et les mouvements de
création, de développement, de changements qui interviennent dans la
nature.
On n'est plus dans le domaine de la perception mais de la sensibilité, on passe de l'action concrète à un état."